8 Aug 2012

It's not easy being the baby

When I was five, I skipped a year. I'm not really sure why. The story doesn't say much, just that my teacher thought I already had whatever skills kids are supposed to learn in their third year of pre-school (probably like, colouring inside the lines or making pasta necklaces.)

My parents say the first months of school after 'the skip' were hard on me. I personally don't remember it being a big deal—I don't remember much from that time. So I'll trust them.

To me, it wasn't such a problem until a few years later.

See, skipping a class when you're five doesn't mean you're a genius. One could probably go on to become just a regular student, or even a bad one.

But it is assumed that you're a genius. Because you're 'the kid who's one year younger', every other child at school will assume that you're a NERD.

And believe me, no one wants to be the nerd in primary school.

As soon as my classmates realised that I had indeed skipped a year, I became the nerd. Not the accepted, sort of cool and underground nerd of today. Nerd culture didn't exist at that time. It didn't mean being into Battlestar Galactica or making Youtube videos.

Rather, it was about being good at math.

(Careful: I said 'being good', not liking. People assume being good at whatever subject necessarily means you love it. NO. THAT'S A MYTH. I've always been good at math—until today. And I've always deeply disliked math. It happened that despite our tensed relationship, I understood math. And when I didn't, I still managed to make it work. I'm the luckiest, right?)

A few days ago, my friend Charlie asked me if I'd answer a few questions on my university experience as 'under-eightee' for a piece she was writing for The Guardian.

I'm using quotation marks because to me, being younger has always been more of a tag rather than an actual thing. For years it got me the 'nerd' tag. I lived with it, accepted it, and finally managed to sort of make it disappear in high school. Since I joined an international section, pretty much everyone was 'the nerd' of whichever middle school they came from.

Here's what being one year younger did: it made me want to be average.

Average is not my thing, though. It obviously didn't work well. In my first six months of high school, I had showed up at least three times with smurf-blue tights and had died my hair from very blonde to dark brown.

Despite my wishes to be more 'in the norm' (a concept I've since grown to find misleading since it's pretty much non-existent), I stayed quite close to the top of my class in high school. However, the nerd tag did wear off. I think we finally all grew up and got over some of the school stereotypes. Some people didn't, and probably won't ever; sadly, I doubt they'll ever change mindsets, and I pity them for it.

Some of it stuck, and I'm glad: that's probably what got me to London.

Now that I had lost the nerd tag, I got a new one: the underage one. Charlie got nicknamed Baby Fresher. We both had the same problem: try going through freshers' week, and a whole year of nights out when your ID displays all proudly that you're very much not allowed inside the pub, sorry Miss.

Although it did annoy me quite often, and made my life much harder than it could have been, this new tag wasn't anything I couldn't handle. Being the kid in my group of friends has taught me two things.

One: endurance. The jokes, nicknames, and mean teases you get used to. The remarks regarding your possible lack of maturity you shrug off. I've learnt to love being the kid. I took pride in seeing that people older than me weren't even mature enough to get past it.

Two: resourcefulness. I've had my share of crap administrative problems—especially since moving to London—pre nights out 'do you have a friend's ID I could borrow?!' freak-outs and chats with strangers after being rejected from pubs.

When one has no other choice, one makes it work!

One of the questions Charlie asked me was if, given the choice, I'd rather start university at eighteen. So I thought about it. And I thought about the bigger question: given the choice, would I still skip a year?

And the answer is yes. Obviously, it's yes. Because ultimately, despite everything shitty situation I've been in, it's about the good stuff. And thanks to being the kid, the nerd and the underage one, I was lucky enough to meet such great, fantastic, utterly beautiful people.

Plus, the great thing with being so young, and already at university, is that I can pretty much fuck everything up and start all over again, and this time my age will be average.


***


J'avais cinq ans quand j'ai sauté une classe. Je ne sais pas vraiment pourquoi. L'histoire ne le dit pas, je sais juste que ma maîtresse trouvait que j'avais déjà acquis ce que les petits de grande-section de maternelle sont censés apprendre (genre, colorier sans dépasser ou faire des colliers de pâtes.)

Mes parents racontent que mes premiers mois dans la classe supérieure furent assez durs. Personnellement, ça ne m'a pas marqué—rien de cette époque ne m'a vraiment marqué. Je vais donc les croire.

Pour moi, ce n'est devenu un problème que quelques années plus tard.

Le truc, c'est que sauter une classe à cinq ans ne veut pas dire que tu es un génie. On pourrait même sûrement continuer notre éducation à un niveau moyen, voire mauvais.

Mais on part du principe que tu es un génie. Juste parce que tu es "celui qui a un an d'avance," tous les autres enfants de l'école ont décidé que tu es l'intello.

Et croyez-moi, personne ne veut être l'intello au primaire.

Dès que mes camarades remarquèrent que j'avais effectivement sauté une classe, ce fut moi l'intello. Pas le nerd accepté, un peu cool et décalé d'aujourd'hui. La culture nerd n'existait pas à l'époque. Être un intello ne voulait pas dire aimer Battlestar Galactica ou être youtuber.

C'était plutôt synonyme de super bonnes notes en maths.

(Attention : j'ai dit "bonne notes", pas passion. Souvent, les gens supposent que parce qu'un jeune a des bonnes notes dans une matière, c'est forcément parce qu'il l'adore. NON. C'EST UN MYTHE. J'ai toujours été bonne en math—jusqu'à aujourd'hui. Et j'ai toujours détesté les maths. Il s'avère que malgré nos très mauvais rapports, je comprenais les maths. Et quand ce n'était pas le cas, j'arrivais quand même à faire que tout fonctionne. Grave la chance, hein ?)

Il y a quelques jours, mon amie Charlie m'a demandé si j'accepterais de répondre à quelques questions sur mon expérience à la fac en tant que "pas-majeure" pour un article qu'elle écrivait pour The Guardian.

J'utilise des guillemets parce, pour moi, être plus jeune que mes camarades a toujours été une étiquette plutôt qu'un fait. C'est ce qui m'a collé l'étiquette d'intello pendant des années. J'ai vécu avec, je l'ai acceptée, et j'ai réussi je ne sais pas trop comment à faire qu'elle disparaisse au lycée. Vu que j'étais en section internationale, quasiment tout les élèves de ma classe étaient les intellos des collèges dont ils venaient.

Voilà ce qu'a provoqué mon année de moins : j'ai voulu être comme tout le monde.

Le problème étant que je n'y arrive pas trop, et ça n'a dont pas trop marché. Au bout de mes six premiers mois de lycée, j'étais allée au lycée au moins trois fois avec des collants bleu schtroumpf, et j'avais teint mes cheveux du très blond au très chocolat.

Malgré mon souhait d'être plus "dans la norme" (un concept que depuis, j'estime trompeur sachant qu'il est pour moi inexistant), je suis restée assez proche de la tête de classe au lycée. Cependant, l'étiquette intello finit par s'estomper. Je pense que nous avions finalement grandi et dépassé certains des stéréotypes scolaires. Pas tout le monde ; certaines personnes n'y parvinrent pas, et n'y parviendront probablement jamais. Je les plains.

Un peu de l'étiquette survécu, et j'en suis ravie : c'est probablement ce qui m'a permis de partir à Londres.

Mais alors que je m'étais enfin débarrassée de l'étiquette d'intello, on m'en colla une nouvelle : la mineure. Charlie fut surnommée le Bébé de Première Année. Nous eûmes toutes les deux le même problème : essaye de traverser la semaine d'inté, puis une année entière de sorties quand ta carte d'identité expose fièrement que non tu n'es pas la bienvenue dans ce bar, désolée Mademoiselle. (Les anglais sont apparemment bien plus tatillons sur l'âge que les français, tout du moins à Londres. Je n'ai jamais eu ce genre de problèmes en France !)

Bien que ça m'ait souvent agacée, et que ma vie en fut bien plus compliquée qu'elle aurait pu l'être, cette nouvelle étiquette ne m'a pas empêchée de vivre. Être le bébé de mon groupe d'amis m'a enseigné deux choses.

Primo : l'endurance. On s'habitue aux blagues, aux surnoms et aux moqueries. On envoie balader les personnes qui questionnent notre maturité. J'ai appris à aimer être la petite du groupe. J'étais fière de voir que certaines personnes plus vieilles que moi n'étaient pas assez matures pour voir plus loin que mon âge.

Secundo : la débrouillardise. J'ai eu un paquet de problème administratifs—encore plus depuis mon déménagement à Londres—de crises "est-ce que t'as une amie dont je pourrais piquer la carte d'identité ce soir ?!" pré-soirées et de conversations avec des inconnus devant des bars après m'être faite jeter.

Quand on a pas d'autre choix, on fait avec ce qu'on a !

Une des questions de Charlie était de savoir si je choisirais plutôt de commencer la fac à 18 ans si on m'en donnait aujourd'hui la possibilité. J'y ai réfléchi, et je me suis posée une plus grande question : si je pouvais choisir aujourd'hui, est-ce que je sauterai quand même la grande section de maternelle ?

La réponse est oui. Evidemment, c'est oui. Parce qu'au final, malgré toutes les situations pourries auxquelles j'ai du faire face, ce qui compte c'est le positif. Et parce que j'étais le bébé, l'intello et la mineure, j'ai eu la chance de rencontrer des personnes belles, géniales, et absolument fantastiques.

Et en plus, le truc génial quand tu es si jeune et déjà à la fac, c'est que je peux absolument tout foirer, repartir de zéro, et cette fois mon âge sera dans la norme.

3 comments:

  1. I love this post. When I was 5 I was very nearly moved up a year, too, and it was only because my parents didn't want me to be called out in later years for being "That Kid Who Skipped A Year" that I didn't. Your take on it is really interesting because, despite the "tag", you seem to have taken some really positive things from your experiences and it makes me wonder what my life could have been like-- whether I would have been able to handle it as well as you. I really don't think I would. I feel like I'm always saying this, but you really should be very proud of yourself, you.

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  2. "Non mais faut pas t'inquièter Gaëlle, n'oublie pas que tu as un an de moins que *paf*"
    Si tu n'avais pas sauté de classe tu ne m'aurais jamais rencontrée (oui, oui, même si tu as essayé de rester évasive, je me suis bien reconnue en la personne "belle, géniale et absolument fantastique" ) *paf*
    A part ça, très bel article, l'emploi du passé simple sur un texte aussi long force à l'admiration :p

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  3. Je suis bien d'accord avec Nono, elle nous manquerait tant ;)
    Quel choix difficile à faire à l'époque ! Nous n'étions vraiment pas enthousiastes. Mais cela s'est fait et même si cela n'a pas été facile tous les jours, tu t'en es plutôt bien tirée !
    Le principal dans la vie, c'est de tout faire pour profiter au maximum de ce qu'on vit, et j'admire cette capacité en toi.
    Continue !

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